Kobarid, un village d’environ 4 500 habitants à l’extrême ouest de la Slovénie. En regardant la vallée depuis l'Ossuaire italien, on peut voir une structure intégrée dans le paysage directement sur la Soča : il s'agit d'un poste électrique vert-de-gris qui semble écrire sa propre histoire. L’équipe PREFARENZEN s’est entretenue avec l’architecte en chef Damjan Holc de BIE d.d. pour en savoir plus.

« Quel est le dénominateur commun entre le cadre de L’Adieu aux armes d’Ernest Hemingway, un site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO et un poste haute tension ? », demandons-nous à Damjan Holc. Il pouvait deviner que la réponse était Kobarid, même s’il n’avait jamais eu le roman d’Hemingway entre les mains. En effet, ce village des Alpes méditerranéennes, niché au creux des vallées de Soča et de Nadiža, abrite le poste électrique "RTP Kobarid" construit sous sa direction. Il se souvient encore parfaitement du terrain situé dans une zone industrielle directement au bord de la Soča, où il a dû agir habilement. « Cette zone faisant partie du réseau Natura 2000, nous n’avons donc été autorisés à n'utiliser que du gravier concassé pur de la Soča et aucune espèce végétale exotique. Il nous fallait également respecter une distance de 5 m entre la construction et les arbres environnants, ainsi que la rive du fleuve », explique M. Holc. L’une des contraintes résidait également dans l'étroitesse de la parcelle : il fallait construire juste à côté de l’ancien poste électrique, resté en place pendant toute la période de construction et un certain temps après.

Afin d’approvisionner en électricité non seulement les habitants mais aussi l’afflux de touristes, le village doit disposer d’une infrastructure électrique appropriée, ce qui n’était plus possible avec l'ancien poste électrique devenu obsolète. Au bout de deux ans de construction, Damjan Holc regarde le projet avec satisfaction, et il se réjouit encore que tout se soit si bien passé. Il ne tarit pas d’éloges sur l'habillage en aluminium, dont il est ravi.

Le poste RTP Kobarid est en service depuis septembre 2020, mais l’ancien poste électrique n’a été rasé que récemment. Libéré de ce poids, le nouveau bâtiment, dont les deux toitures opposées se croisent, affiche un vert audacieux, allusion directe à l'environnement – « Après mûre réflexion, j'ai finalement opté pour le vert-de-gris. Je voulais que le bâtiment s'intègre parfaitement dans le paysage par sa forme, mais également par sa couleur et cela a été rendu possible grâce à PREFA », explique l’architecte. Rythmées par des lames de différentes largeurs, les façades avant, légèrement inclinées et saillantes, sont plus qu’un habillage protecteur : elles sont perçues, principalement par la population et les voyageurs, comme un flot dynamique imitant la Soča en contrebas.

La région autour de Kobarid offre non seulement une nature sauvage à couper le souffle, mais aussi des spécialités locales : Le tourisme énergétique est le nom de la niche ayant, entre autres, inspiré les plans du poste électrique. La région de Goriška vit du tourisme et le cultive, recherchant activement de nouveaux modèles pour créer des interfaces avec son patrimoine culturel et agricole. L’objectif est de sensibiliser les gens à la production et à la consommation d’énergie dans une perspective de durabilité ! Le fait que cette approche soit populaire n’est pas si étonnant. Le musée Fala-Laško est déjà dédié au transport de l’énergie électrique, ce qui prouve que les visiteurs de la région s’intéressent également à l’approvisionnement en énergie. Si les efforts dans ce sens prennent une forme plus concrète à Kobarid, l’architecture peut aussi contribuer à éveiller la curiosité.

L’architecte Damjan Holc ne connaît pas l’ennui. Au sein de l’équipe de 6 architectes du bureau d’études et de conseil IBE d. d. basé à Ljubljana, il reçoit sans arrêt des commandes du secteur industriel et énergétique, et pourtant : « Il faut rester inventif et ne pas se contenter de livrer au client ce qu’il a commandé ! » Il faut également savoir surprendre positivement le client avec des idées qui l’ont initialement déstabilisé ou qui ne lui sont même pas venues à l’esprit. « L’objectif est de toujours dépasser les attentes. Je constate qu'aujourd’hui, les jeunes architectes Slovènes sont plus susceptibles de s’en tenir au courant dominant que d’oser tenter la nouveauté. Un peu plus de courage, voyons ! » suggère l’architecte. Il est actuellement en contact avec Mitja Brencic, conseillère PREFA pour de futurs projets – les idées doivent encore germer, dit-il. Nous avons hâte de connaître la suite de l'histoire...